Créole

Ni Européens, ni Africains, ni Asiatiques, nous nous proclamons "Créoles". Voici les premières lignes d’un petit manifeste « Éloge de la créolité » signé par trois Martiniquais en 1989. Le mot créole est autant employé pour définir une langue qu’un peuple. À l’origine, le mot créole, venait du latin criare soit nourrir ou élever en français. Bien que la première nation créole ait été au Cap-Vert, le créole prit vraiment naissance avec la découverte et la colonisation des Amériques par les Européens. Le mot créole fut employé dans la langue française à partir de 1595 et désignait les blancs de type européen nés dans les différentes colonies d’outre-mer que l’on nommait en Guadeloupe blancs créoles (ou békés). En fonction des colonies, le mot évolua différemment et ce n’est que plus tard que le mot créole fut employé pour désigner les noirs descendants d’esclaves nés dans les colonies comme la Guadeloupe. Même si 35 créoles à base anglaise existent dans le monde contre 15 français et 21 africains, le créole français reste le plus parlé dans le monde avec 10 millions de locuteurs.

Chaque colonie a développé son propre créole. Il n’y a pas un créole, mais des créoles. Le créole guadeloupéen est une langue créole à base lexicale française développée au XVIIIe siècle tout comme les créoles martiniquais, guyanais et haïtien. On les nomme parfois créole antillais avec le créole de Dominique et de Sainte-Lucie puisque eux aussi, sont issus du français du temps de la domination de l’île par la France. Ayant comme base le français de l’époque et plusieurs langues africaines parlées par les esclaves, il a aussi été influencé par les périodes où l’archipel fut sous le contrôle des Anglais, des Portugais, des Espagnols et même des Caraïbes qui le peuplait à l’origine. Cependant, l’évolution de la langue tend à le rapprocher du français au fil des années. Le créole guadeloupéen est dit intercompréhensible avec le martiniquais, c’est-à-dire globalement compréhensible d’une île à l’autre, bien que ce ne soit pas toujours le cas.

La langue créole fut développée par les esclaves par nécessité de communiquer entre eux car les maîtres cherchaient à acheter des esclaves de différentes origines afin d’éviter qu’ils puissent communiquer entre eux et s’entendre. De plus, au début, aucune éducation ne leur était donnée. Ils maîtrisèrent donc que les ordres en français et ils leur étaient interdits de parler leur langue natale. Rapidement, le nombre d’esclaves dépassa celui des maîtres qui pourtant les dominaient et leur faisaient vivre l’horreur. Afin de pouvoir s’unir à travers ses atrocités, les esclaves ont senti la nécessité de pouvoir communiquer entre eux dans une langue qui leur était propre et inconnue de leur maître menant à la création des langues créoles qui perdurèrent et traversèrent l’histoire. Longtemps le créole a souffert d’une image péjorative, au moins jusque dans les années 60, et il était interdit officiellement de le parler dans les écoles. Le créole guadeloupéen est aujourd’hui une langue vivante et même de plus en plus enseigné dès la maternelle. Un cursus bilangue créole et même des mémoires et thèses peuvent être désormais présentés dans cette langue ayant le statut de langue régionale depuis 2000 et une journée internationale célébrée le 28 octobre depuis 1983. 90, 91, et 149

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